Synopsis
Alain quitte la Belgique avec son jeune fils pour Antibes afin de vivre en famille avec sa sœur et son mari. Le lien entre Alain et Stéphanie, une dresseuse d’orques, se resserre après que Stéphanie ait subi un horrible accident.
Stéphane Thibert
Awards
Pour un projet comme De Rouille et d’Os, les producteurs Why Not Production ont interrogé les plus grandes sociétés françaises de VFX. Nous avions déjà collaboré avec eux sur d’autres projets, mais ici l’enjeu était différent car les effets sont inclus dans la narration, ils attendaient donc une grande compréhension du scénario et de l’univers du réalisateur. Jacques Audiard a donc rencontré nos équipes et a demandé des tests, nous avons monté un dossier, discuté sur l’objectif à atteindre. Jacques a décidé de nous faire confiance pour gérer les 200 plans du film, répartis à 50/50 entre MPC Paris et MPC Liège.
L’approche de Jacques Audiard par rapport aux effets visuels était avant tout émotionnelle et scénaristique. Lors des réunions de travail, les équipes déterminaient sur chaque séquence s’il était important ou pas de voir les jambes coupées : est-ce que l’effet apporte un surplus d’émotion ou vient-il au contraire perturber le récit, détourner le spectateur de l’intention initiale de la scène ?
Le vocabulaire du réalisateur n’était jamais technique, il utilisait des expressions comme “pense tes effets en dramaturgie” ou “travaille toujours dans la limite du hors-champs”. Au début, il a donc fallu un temps d’adaptation pour trouver un vocabulaire commun. Par exemple, pour le plan sous-marin où le personnage principal tape sur la glace, Cédric Fayolle le superviseur VFX a fait des maquettes à partir de l’information “il faut être plus sombre : pense à Orphée qui va récupérer Eurydice des enfers”.
Au début c’est déroutant, mais notre métier c’est justement de traduire techniquement ces intentions. ”
Témoigne Cédric Fayolle
Le travail de VFX des équipes Parisiennes et Liégeoises se sont répartis en 3 grands thèmes : la suppression numériques des jambes de Marion Cotillard, la création CG de prothèses et du matte painting pour la séquence du lac gelé.
Pour relever l’énorme défi d’enlever les jambes de Marion Cotillard, il fallait savoir en ammont à quel endroit placer notre énergie. Ici il fallait limiter les effets visuels aux choses vraiment impossibles à faire en réel. Nos équipes ont dont réfléchi avec la déco, les costumes, l’accessoiriste, la lumière pour mettre à profit les techniques de chacun. La déco a troué le mobilier pour que Marion puisse cacher ses jambes et le fauteuil roulant a une assise modifiée pour qu’elle puisse s’assoir accroupie. De même, les habits ont été choisis minutieusement pour cacher les formes. Ensuite sur le tournage, Marion devait passer ses jambes de pliées à tendues, pour faciliter le travail de restauration, notamment pour éviter une trop grande interaction entre ses bas verts et le corps de Matthias. Par sécurité, nous faisions ensuite une passe à vide et une passe avec Matthias tout seul qui refaisait à peu près le parcours dans le but de récupérer des photogrammes des parties masquées lors de la prise finale. Nous faisions aussi des passes de références lumières avec des moignons silicones pour aider la CG à retrouver la bonne lumière.
Comme pour les moignons, le travail sur les prothèses est un mix de plusieurs techniques, mais essentiellement de la CG. Stéphane Thibert et son équipe ont eu un mois pour faire toute la préparation et seulement 2 mois fournir tous ces plans.
Côté matte painting, au départ l’intervention de nos équipes sur cette séquence consistait à trouver une technique pour placer l’enfant sous la glace. Après avoir tourné les plan du père cherchant son fils sous la glace, nous sommes allés en piscine pour tourner les plans de l’enfant. Il s’est entrainé durant tout le tournage à passer sous une vitre en plexiglass, sur le dos et les yeux ouverts. Ensuite, nos équipes ont tourné des plans pendant une semaine sur ce lac en Savoie, mais le temps ne les a pas aidé. Le premier jour était ensoleillé, le lendemain le lac commençait à fondre, puis il s’est mis à pleuvoir, il y a même un matin où l’on est arrivé et il était tombé 25cm de neige sur tout le lac ! Il a donc fallu uniformiser tout ça, en sachant que tout le film est tourné en “plan à l’épaule” et que tracker de la neige blanche n’est pas simple. Tous les plans ont donc été repris au Matte painting et reprojeté. Afin d’accentuer le désespoir du personnage, nos équipes ont pris la décision de faire tomber de la neige CG de plus plus fort tout au long de la séquence. Au final il est impossible de soupçonner l’étendue de notre intervention et nos équipes sont extrêmement fières du travail accompli.