Au cœur de ce projet d’une durée de six mois, Guillaume Pondard, Superviseur VFX & Pierre Capacchi, Lead compositing partagent leur expertise sur la fabrication des 261 plans VFX de la série D’Argent et de Sang, réalisée par Xavier Giannoli.
Présentée à La Biennale de Venise, cette production, inspirée de l’ouvrage du journaliste Fabrice Arfi, met en lumière l’escroquerie majeure liée au marché des quotas d’émissions de CO2 en 2008-2009. Avec un casting de renom, dont Vincent Lindon, Niels Schneider, Ramzy Bedia et Judith Chemla, la série explore les tenants et aboutissants de “l’escroquerie du siècle”, révélant les méandres d’une fraude ayant entraîné des pertes financières considérables pour le fisc.
- Quelles étaient les approches et les attentes du réalisateur en matière d’effets visuels ?
Le réalisateur, Xavier Giannoli, avait des attentes claires en matière d’effets visuels pour “D’argent et de Sang”. L’objectif était d’éviter tout anachronisme, car le film ne se voulait pas être une œuvre centrée sur les effets spéciaux. Au contraire, ces derniers avaient pour rôle de subtilement embellir et enrichir l’esthétique générale du film.
La collaboration s’est déroulée de manière fluide, marquée par des échanges légers. Xavier Giannoli s’est montré réceptif aux suggestions, permettant ainsi une collaboration ouverte et productive tout au long du processus créatif.
- Quels sont les plus gros challenges techniques et/ou artistique du projet ?
Deux défis majeurs ont émergé au cours du projet, se concentrant particulièrement sur la scène du yacht et la salle des marchés. Cependant, le défi technique le plus exigeant a résidé dans la création du matte painting pour la scène du yacht, où Nice devait être métamorphosé en Tel Aviv.
Cette transformation impliquait des ajustements complexes, notamment la modification du front de mer, la typologie des immeubles, ainsi que leur agencement. Des recherches approfondies ont été nécessaires pour ajuster la hauteur et l’architecture des bâtiments, tout en préservant l’authenticité visuelle de Tel Aviv. L’homogénéisation des textures a été essentielle pour recréer l’esthétique caractéristique de la ville.
Le challenge s’est intensifié lors de l’intégration de cette topographie adaptée à Tel Aviv, qui est nettement plus plate que Nice, avec les éléments filmés en direct. L’harmonisation de ces éléments a demandé une attention minutieuse pour assurer une transition fluide.
En définitive, la régénération de la végétation, la création de rues et d’une skyline plausible ont complété ce processus complexe, illustrant l’engagement artistique et technique nécessaire pour atteindre le réalisme attendu dans ces séquences clés.
- Pouvez-vous nous parler d’un détail ou d’un élément visuel que vous avez ajouté à ce projet, et qui pourrait passer inaperçu pour la plupart des spectateurs, mais qui vous a particulièrement satisfait en tant que professionnel des effets visuels ?
Un aspect du projet qui pourrait passer inaperçu pour la plupart des spectateurs, mais qui revêt une satisfaction particulière du point de vue des effets visuels, concerne la subtile modification des détails. En raison de contraintes juridiques, les écrans de la salle des marchés étaient éteints, ce qui nous a conduit à tous les remplir numériquement.
Nous avons également apporté des transformations significatives à divers environnements, tels qu’une épicerie trop reconnaissable, un diner que nous avons contextualisé pour lui donner l’apparence d’être à Tel Aviv, ainsi que l’aéroport suisse. Une attention minutieuse a été portée à chaque accessoire portant le logo et la couleur déposée d’une marque haut de gamme, que nous avons systématiquement retirés pour respecter les contraintes légales et artistiques du projet.
- Quel est votre séquence préférée ?
Pierre Capacchi a partagé son choix, soulignant la puissance de la scène où Vincent Lindon pénètre dans le temple juif, découvrant un monde inconnu. Selon lui, cette séquence revêt une aura mystique particulière.
Guillaume Pondard, de son côté, a mis en lumière les épisodes 4 et 5, en soulignant l’impact des face-à-face entre Vincent Lindon et Yvan Attal. Il a noté que ces moments étaient fortement inspirés de la mise en scène à la manière de Martin Scorsese, ajoutant ainsi une dimension cinématographique significative à la série.
- Quel est votre meilleur souvenir sur la fabrication du film ?
Un moment particulièrement mémorable de la réalisation du film a été la réceptivité du réalisateur aux suggestions. Cette ouverture a considérablement fluidifié le processus de fabrication des effets, le rendant à la fois agréable et exempt de tout stress.
- Une anecdote rigolote ?
Au cours du projet, une situation amusante s’est présentée lorsque nous avions une certaine latitude artistique. À un moment donné, la tâche était de concevoir un logo pour un stand au salon des énergies renouvelables. Parmi les propositions, l’une a particulièrement amusé Guillaume, notre superviseur, bien qu’elle ait été écartée en raison de son aspect trop enfantin.
Cependant, le graphiste a réussi à insérer discrètement ce logo particulier ailleurs dans le projet. Pour vous donner un indice, il s’agit d’un soleil.
Merci Guillaume et Pierre, plus d’infos sur la série ici.