Laurent Creusot a entamé sa carrière dans le domaine des effets visuels en rejoignant Mikros Image en 1996 en tant que graphiste. Il a rapidement évolué pour devenir artiste Flame, puis superviseur des effets visuels pour des projets publicitaires chez The Mill.
Aujourd’hui, après trois ans en tant que superviseur des effets visuels chez MPC, travaillant sur des projets de longs-métrages et de séries, Laurent Creusot peut se féliciter d’une carrière de 27 ans couronnée de succès, cumulant plus de 65 distinctions, dont un VES Award, plusieurs LIA d’or et 4 GENIE Awards. Son expertise a grandement contribué à la renommée mondiale des studios créatifs de Technicolor.
- En quoi consiste ton métier ?
Mon travail est très diversifié, et c’est ce qui le rend si intéressant. J’interviens dès le début des projets, lorsque nous devons discuter avec la production et le réalisateur pour trouver des solutions techniques et artistiques afin de donner vie à leurs idées les plus folles. Ensuite, vient toute la phase d’estimation des coûts avec un producteur MPC pour établir un devis et un planning en cohérence avec les exigences de la production. Puis, il y a la préparation du tournage, où nous échangeons avec tous les métiers impliqués avec nous sur les plans d’effets visuels (réalisateur, directeur de la photographie, effets spéciaux, cascadeurs, maquillage spécial FX, chef décorateur, producteur, premier assistant réalisateur, etc.) pour convenir de ce qu’il faut faire et de qui supervisera quoi une fois arrivés sur le plateau. Lorsque vient enfin le tournage, mon rôle de superviseur des effets visuels est d’être présent en tant que conseiller et je dois m’assurer que tout se passe comme décidé au préalable, que toutes les données techniques nécessaires aux effets visuels sont bien collectées et rassemblées, et bien sûr être présent en cas d’événements imprévus sur le plateau pour trouver la meilleure solution pour satisfaire tout le monde du point de vue artistique et financier.
Une fois le tournage et le montage du film terminés, mon rôle est de superviser les équipes de production chez MPC et de faire le lien avec la production et le réalisateur pour m’assurer que tout le monde va dans la même direction et que les moyens utilisés chez MPC sont les plus adaptés à la demande. C’est à ce moment que les choses deviennent très concrètes, donc nous devons toujours avoir à l’esprit les objectifs artistiques et les enjeux des séquences qui nous sont attribuées, ainsi que le bon déroulement des choses pour rester dans le planning et le budget qui nous sont alloués. À ce stade, la collaboration avec le producteur d’effets visuels de MPC et les superviseurs de CG et de composition devient plus étroite, et nous formons une équipe très soudée pour mener à bien le projet.
- Quel est le projet MPC sur lequel tu as travaillé et dont tu es le plus fier ?
Je ne suis pas fier d’un projet, mais de deux… qui sont liés l’un à l’autre. Le premier est une publicité sur laquelle j’ai travaillé lorsque j’étais encore à The Mill Paris : l’Ours de Canal +. Pour moi, c’est la publicité parfaite, inattendue, drôle, avec des effets visuels qui servent le récit. Ce n’est pas par hasard que cette pub est restée la plus récompensée dans le monde pendant longtemps. Elle a été réalisée par Matthijs Van Heijnningen, avec qui j’ai beaucoup travaillé dans la publicité, et qui m’a demandé de le suivre sur son long métrage La Bataille de l’Escaut, qui a marqué le passage de ma carrière de la publicité à la fiction. Ce film était plein de défis, comme par exemple réaliser une séquence complète de combat aérien en planeurs, sans aucun avion ni acteur dans le ciel au moment du tournage. Pas facile… Mais finalement, grâce à la confiance et à l’écoute du réalisateur et à une superbe équipe de graphistes, nous avons réussi à relever le défi et à livrer une séquence magnifique.
- Quel est LA scène dont tu te souviendras toute ta vie ?
Une scène qui m’a particulièrement mise au défi était sans aucun doute la scène du kiosque à journaux dans le film La NONNE 2.
Cette séquence, qui était à la fois très créative et technique, a nécessité beaucoup de réflexion, de flexibilité et d’exécution précise. Nous devions donner vie au kiosque à journaux d’une manière inquiétante : les pages devaient s’animer comme un livre à défilement sauvage, révélant des visages d’une manière rappelant un dessin à “cadavre exquis”, le tout dans une frénésie évoluant tout au long de la séquence jusqu’à évoquer la forme complète de la Nonne Valak.
Tout a commencé par une recherche graphique pour concevoir l’effet et explorer de multiples solutions jusqu’à ce que nous trouvions la bonne idée et cherchions à traduire ce que le réalisateur Michael Chaves avait en tête.
Ensuite, nous avons commencé à réfléchir aux meilleures solutions techniques qui nous permettraient de maintenir une grande précision dans le choix de chaque image qui serait imprimée sur les pages du journal et qui formerait les visages. Une grande attention a été portée au rythme et à la synchronisation entre toutes les pages, et tout cela devait être modifiable à tout moment sans compromettre tout le processus.
Une fois ce problème résolu, nous avons dû trouver toutes les images sources, les sélectionner et commencer à les assembler. En même temps, nous avons mis en place un système très complexe pour simuler les pages qui se tournaient dans nos magazines en images de synthèse, contrôlées par l’animation des visages, car chaque changement d’image imprimée devait déclencher automatiquement un mouvement de page qui paraisse naturel.
Ce n’était pas une mince affaire, mais je trouve le résultat vraiment intéressant et satisfaisant. Ce genre de séquence hautement créative et originale est vraiment différent de ce à quoi nous sommes habitués au cinéma.
- Que pourrais-tu recommander à un jeune qui voudrait faire le même métier que toi ?
Développe au maximum ton univers personnel ! Écoute les autres bien sûr, garde un esprit ouvert à tout, mais il est très important de développer sa singularité. Écoute-toi et aie confiance en toi.
- Quelle est la partie que tu préfères dans ton travail ?
Il y en a deux. La première, c’est lorsque nous établissons la vision artistique de ce que devraient être les plans, en particulier les effets visuels. Ensuite, ce sont les présentations finales avec le réalisateur et l’équipe d’artistes de MPC, lorsque nous voyons tout le travail se rassembler pour créer quelque chose de cohérent. C’est toujours agréable de voir que toute l’énergie déployée pendant de nombreux mois aboutit à un objet concret qui est le film fini.
- Qui t’inspire ?
Sans aucun doute, les pionniers des effets spéciaux et visuels tels qu’Etienne-Jules Marey, Georges Méliès, Normann McLaren, Jean Christophe Averty et tant d’autres. Ils ont ouvert tant de portes et inventé tant de choses que nous n’avons fait que décliner et copier depuis.
- Quel est ton film préféré ?
“Les enfants du Paradis” de Marcel Carné. Pour moi, ce chef-d’œuvre de 1932 a su mêler classicisme et modernité, simplicité et succès commercial, l’univers du spectacle vu à travers le spectacle qu’est ce film lui-même. De la poésie en tout temps mélangée à la rudesse de l’époque. Des dialogues magnifiques de Jacques Prévert et de grands acteurs comme Arletty, Pierre Brasseur ou Jean-Louis Barrault qui incarne le mime. En bref, j’adore ce film !
Merci Laurent ! Vous voulez rejoindre nos équipes à Paris ? Postulez ici !