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Lumière sur… Sébastien Fauchère, Superviseur VFX

Dans cet article, nous mettons en lumière les équipes française et belge de MPC en leur posant des questions sur leur parcours, leurs défis et les projets qui ont marqué leur carrière. Ils parlent de leurs réalisations et donnent des conseils à la nouvelle génération qui voudrait faire le même métier qu'eux.

TALENTS
April 10, 2024

Découvrez le parcours de Sébastien Fauchère – Superviseur VFX chez MPC Paris depuis cinq ans, et qui a débuté son expérience dans le monde des effets visuels en 2001, en tant que “employé du stock de rushes” chez Mikros Image à Levallois-Perret.


L’année dernière, il a contribué à deux projets récompensés par les prestigieux GENIES Awards, saluant les meilleurs effets visuels dans une série. Sébastien a collaboré à plus de 50 projets de séries et de longs-métrages au cours de ses 20 années de carrière. Dans cette interview, plongez dans l’univers professionnel enrichissant de Sébastien Fauchère, et découvrez son parcours et ses réflexions sur l’industrie des effets visuels.

En 2000, j’ai entrepris un BTS Audiovisuel option Montage en alternance chez Mikros Image. Pendant deux ans, j’ai alterné des sessions de deux mois en tant qu’Opérateur Banc-Titre, Opérateur Nodal et Assistant monteur Régie, suivies d’un mois d’études au Puy-en-Velay.
Après l’obtention de mon diplôme, j’ai été embauché en CDI chez Mikros en tant qu’Assistant Monteur Régie, mais j’ai rapidement nourri le désir de devenir graphiste et de m’orienter vers le trucage. Pendant mes temps libres, j’ai appris à utiliser After Effects/Shake et j’ai participé à des projets bénévoles pour perfectionner mes compétences. Je me souviens m’arrêter pendant mes pauses pour observer les « grands » graphistes travailler sur des films au quatrième étage. Je m’asseyais aux côtés de Tchook, Cédric Fayolle ou Hugues Namur pour les regarder travailler sur des films tels que “Le Boulet” avec la séquence de la grande roue.
J’observais également Guillaume Pondard et Julien Meesters travailler sur des publicités avec leur Flame. J’allais même voir Gilles Gaillard au département Cinéma pour discuter de films, de pellicule et de caméra Bolex, et j’étais admiratif de leur passion pour le trucage, l’arrangement et la sublimation des plans. Pour des raisons moins professionnelles, je fréquentais également le planning de Mikros pour discuter avec les filles du planning, et j’ai fini par inviter l’une d’elles à sortir avec moi (ça a fonctionné, elle est devenue la mère de mes enfants).

Ce qui est amusant, c’est que je travaille aujourd’hui avec eux sur des films. Cela m’impressionne toujours (même si je ne le dis pas) et je réalise pleinement l’importance de commencer “au bas de l’échelle” pour bien apprendre le métier et d’apprécier le parcours parcouru, du -2 au “Mikros Levallois” jusqu’au 6ème étage de MPC rue du Renard. Je me rends compte que MPC a été une étape importante dans ma vie, aussi bien professionnelle que personnelle.

En 2005, j’ai rejoint un collectif de graphistes : NoBrain. C’était le grand opposé par rapport à Mikros : un squat rempli d’ordinateurs, de câbles traînant partout, une cuisine dégueulasse mais une énergie créative débordante. Je travaillais douze heures par jour, alternant entre de longues sessions de trucage et des parties de « Quake Arena » avec une vingtaine de graphistes dans un appartement bondé. C’est aussi à ce moment là où j’ai rencontré Nicolas Schmerkin, le producteur d’autour de minuit avec qui j’ai travaillé 2/3 ans sur divers projets très créatif.
Cette période m’a appris à me débrouiller, être patient, à travailler dans un chaos créatif et à explorer graphiquement différentes possibilités d’une image. Ce qui m’a beaucoup aidé par la suite à pouvoir m’adapter a différents scénario de fabrication de film en fonction du temps, de la structure de fabrication , de l’argent et de l’enjeux artistique.

Parallèlement, j’ai rejoint l’E.S.T (Étude et supervision des tournages) pour travailler dans le cinéma aux côtés de superviseurs tels que Christian Guillon, Arnaud Fouquet et d’autres. C’était un environnement plus calme et structuré. J’ai alterné entre ces deux mondes pendant quelques années, ce qui m’a permis de développer une base technique solide dans les effets visuels tout en conservant un regard créatif grâce au collectif. L’E.S.T a finalement fermé, mais le collectif avait bien évolué. Il ne s’appelait plus NoBrain, mais on l’a renommé « Sabotage »… parce qu’on sentait qu’on cassait à l’époque des codes et qu’on aimait tous les Beastie Boys. Ma femme l’avait rejoint aussi comme co-directrice de studio. Ce fut une période riche et belle humainement. On savait que ça ne tiendrait pas et on en a profité.

En 2012, j’ai eu l’opportunité de partir à Vancouver chez MPC pour une expérience courte mais enrichissante. En 2014, Sabotage a fermé ses portes à son tour. Ce fut une période très difficile, suivie d’une période sombre dans ma vie personnelle qui m’a amené à reconsidérer l’énergie et la valeur que je mettais dans mon travail.

En 2016, j’ai repris chez FIX studio sur du long-métrage, où j’ai travaillé pendant deux ans avant de rejoindre MPC Paris en tant que Lead Comp puis, petit à petit, je suis devenu Superviseur VFX !

Mon métier actuel est d’organiser et de structurer un dialogue créatif entre un réalisateur ou superviseur de Prod et nous. C’est d’être à l’écoute lors de la phase préparatoire en prod, sur les différentes recherches en termes de VFX et d’offrir des choix de VFX en fonction de divers facteurs propres au projet. D’être présent sur le tournage pour superviser les plans VFX et d’accompagner le réalisateur sur différentes séquences qui peuvent nécessiter des VFX.

C’est d’établir une méthode de fabrication en post-production qui correspond bien évidemment aux choix du réalisateur mais aussi en fonction du budget et du temps que l’on a. Je coordonne ensuite la fabrication avec un producteur, un superviseur de compositing et 3D. C’est un chantier en Lego de plein d’étapes à faire, je suis plus stimulé maintenant avec l’âge et l’expérience par l’énergie d’équipe autour d’un projet créatif.

Il y a deux projets que j’ai particulièrement appréciés : Illusions Perdues, supervisées par Arnaud Fouquet. Nous l’avons réalisé en plein cœur de la pandémie de COVID-19, et j’ai pu constater qu’avec une belle cohésion d’équipe, nous étions capables de surmonter de nombreuses difficultés techniques, logistiques, tout en étant dans un cadre bienveillant et agréable malgré la situation.

Et la série Totems qui a également été marquante, car c’était ma première supervision aux côtés de Hugues Namur. J’ai commencé avec 1000 plans à truquer et 4 réalisateurs différents. Ce projet a été intense à réaliser car il offrait une grande variété en termes d’effets visuels.

Une séquence difficile à mettre en place a été le plan où le personnage dans Illusions Perdues, est supposé marcher dans les rues de Paris alors qu’il est filmé dans le jardin du château de Fontainebleau.
Le plan, techniquement parlant, n’est pas compliqué mais il a été réalisé en plein confinement, donc il a été monté petit à petit en s’assurant que toutes les contraintes techniques sont maîtrisées. Il y avait beaucoup de roto à faire, car il était impossible de monter un fond bleu qui couvre tout l’espace du jardin du château de Fontainebleau. Il y avait également beaucoup de figurants, de calèches et de chevaux, donc nous avons travaillé par petites étapes, afin de ne pas fatiguer et de ne pas user moralement les graphistes sur des tâches longues à réaliser, surtout pendant cette période où nous nous assurions, avec Arnaud Fouquet et Emmanuelle Pianko, que tout le monde allait bien. Nous avons alterné avec d’autres plans plus simples qui apportaient un résultat final plus facilement et donc plus satisfaisant. Nous avons veillé à générer des éléments de décor qui s’intègrent dans le ton du plan pour éviter d’avoir trop de problèmes d’edge, surtout qu’à cette époque, je n’avais pas la fibre, donc je travaillais en divisant l’image en 4 pour avoir le moins de latence et de compression possible ! Le matte a fait un super travail, car spatialiser tout un décor 3D avec des plans de personnes qui marchent sur un sol sablonneux est très difficile à gérer, surtout en télétravail. Nous avions 4 ou 5 plans à réaliser de cette manière, ils ont pris plus de temps que prévu mais ont été finalisés sans trop de soucis 😅.

before
After

Je conseillerais d’aller jusqu’au bout de ses envies. De ne pas se figer à ce que disent ou pensent les autres et d’aller au-delà des étiquettes qu’on peut nous poser et se poser soi-même sur le front. D’être curieux, observateur du monde qui nous entoure et des autres pour pouvoir le retranscrire le plus fidèlement possible sur une image. Je conseillerais de se mettre de temps en temps en difficulté mais pas en danger, de se préserver aussi face à la demande de travail. J’ai appris que le travail, ce n’est pas la famille, c’est juste du job, passionnant mais un job. Je conseillerais de savoir s’entourer, je trouve qu’on n’a pas réponse à tout et que ce n’est pas grave, je trouve qu’en s’entourant de bonnes personnes, on va tous plus loin. Et je conseillerais la patience, on apprend plus voire mieux en prenant son temps. Voilà en tout cas ce que j’aurais aimé entendre quand j’étais plus jeune.

J’apprécie découvrir les scénarios et les différents plans à faire lors de la phase de découverte d’un projet. J’aime particulièrement discuter des plans avec les équipes lors des sessions de revue en salle, et observer leur succès… ou pas.

J’apprécie les échanges stimulants avec les graphistes, découvrant leurs aspirations et leurs visions. Le sourire des clients et des collègues, témoignant de leur satisfaction lors des présentations en salle de projection, est pour moi une véritable récompense. Il y a quelque chose de magique dans ce processus où nous retrouvons tous un peu de notre âme d’enfant face à cet écran. Et bien sûr, j’adore ajouter des retakes… Non, je rigole !

Je ne suis pas sûr, mais il semble que les défis et les projets ne cessent d’augmenter, donc peut-être que quelque chose se profile à l’horizon, peut-être que nous atteignons maintenant le point culminant. J’essaie simplement d’en profiter.

Je n’ai pas de film préféré, ça se mélange avec plein de différentes époques de ma vie : Les films de Chaplin m’ont ému terriblement, “L’histoire sans fin” m’a fait découvrir les effets spéciaux, “Highlander” m’a donné envie, à 9 ans, que c’était trop cool de travailler dans le cinéma et de faire des choses qui font peur, “Danse avec les loups” m’a fait découvrir les différentes narrations et points de vue possibles, je me rappelle que le 1er “Matrix” m’a fait relever de mon siège, du haut de mes 16 ans en voyant la 1ère séquence de bullet time et m’a confirmé l’envie de faire voyager les spectateurs dans un imaginaire visuel. “Les fils de l’homme”, j’ai trouvé ça dingue avec ces mouvements de caméra et “Fight Club”, car j’aime beaucoup faire du savon. “La planète des singes” avec son réalisme bluffant. Et récemment “Everything, everywhere, all at once”, ça m’a rassuré sur le fait que des gens arrivent toujours à faire des films spectaculaires, non lissés à la Marvel.

J’aime beaucoup aussi La vie rêvée de Walter Mitty, pourquoi ? Parce que ce n’est pas le meilleur des films, mais il y a une façon d’intégrer les VFX dans la narration qui est plutôt belle, je le trouve touchant par sa naïveté, sa simplicité et la touche d’émotion dans l’écriture de ce film. Sinon, il y a aussi Batman Begins, les Godzilla, Seul sur Mars,…

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